Quand vous lisez un conte de fées, généralement les princesses naissent dans l’opulence et le luxe, ce qui ne les empêche pas d’être les filles les plus heureuses de tout le royaume. Leurs parents les couvent d’amour et d’affection comme de cadeaux et rien de mal ne peut vraiment leur arriver car elles sont sous la protection d’une quelconque forme de magie qui prend généralement l’apparence d’une marraine bonne fée ou quelque chose dans le même genre. Et n’oubliant surtout pas la chose la plus importante qui fait toute la différence avec la paysanne du coin du pays qui elle se contente de faire une brève apparition dans l’histoire pour indiquer le chemin à la pauvre petite demoiselle esseulée : l’aristocrate, elle, elle a le droit au divin prince charmant. Un superbe apollon qui soi-disant n’attend depuis sa naissance que le jour où il pourra retrouver sa dulcinée. Foutaises. Et dire qu’il y a des filles qui croient vraiment à ces histoires. Ca en est pathétique.Dans la vraie vie - ou du moins dans le monde où vie Oefélia - cela ne se déroule absolument pas comme cela. Commençons par les géniteurs, le voulez-vous bien ? Deux êtres qui se sont unis par intérêt plus que part inclinaison. Ils sont tous les deux riches, pas désagréables à regarder et les 90% de leur temps libre en déplacement. Parfaitement assortis en somme. Un mariage éclair devant les paparazzis et les journalistes avec de superbes sourires Colgate et un enfant puisqu’il faut bien en avoir un pour apparaitre comme une famille modèle. Mais l’élever, hors de question ! Elle sera confiée aux bons soins de la nourrice qui se chargera très bien d’elle. Alexia ne voyait ses parents qu’au cours des fêtes de Noel et autres événements importants et ce fut à Cynthia qu’elle confia ses premiers mots d’enfants. Les tous premiers. Mais qui était Cynthia me demanderez-vous ? Et bien, c’était sa poupée. Très mignonne : une rouquine aux grands yeux verts et au sourire constant. Mais un être dénué de vie. Vide un peu comme Alexia en somme. « Papa m’aime pas. ». Les tous premiers sons qui sont sortis de sa gorge. Et ils étaient probablement justes. Le père de Fée pensait qu’un enfant pour être heureux n’avait pas besoin d’affection mais d’argent. Ainsi, comme la princesse de son livre, elle était couverte de présents en tout genre que cela soit des bijoux, des jouets ou même de somptueuses robes. Croyez-moi, dans tout Denver vous n’aurez pas pu rencontrer de gamine qui ne soit plus gâtée. Mais les parents ne comprennent jamais que ce n’est pas de cela qu’un enfant a besoin pour s’épanouir, et c’est ainsi que l’on transforme un petit ange en un monstre destructeur. D’une intelligence rare et redoutable, Oefélia comprit bien vite que le meilleur moyen pour que les gens lui fichent la paix, c’est de paraître parfaite en tout point. Première de la classe, gentille voire même docile, vous pouvez être sure que c’était ainsi que la plupart des personnes la voyait. Tous les parents se seraient battus pour avoir une telle progéniture. Mais ce n’était qu’un leurre, une façade. Oefélia s’est toujours sentie désespérément vide. Une coquille sans rien à l’intérieur. Et elle tentait du mieux qu’elle pouvait de combler ce manque en elle dont elle ne connaissait pas la cause. Shopping à outrance, elle s’ennuyait et broyait du noir la plupart des jours. Dès l’école primaire, elle avait fait main basse sur son école et tout le monde suivait les règles du jeu qu’elle imposait mais même cela ne suffisait pas à la satisfaire complètement. Les gens étaient faibles et ils pliaient si facilement face à elle que cela en devenait rasoir. Tyran avec ses camarades, petit ange avec les adultes, cette monotonie ne suffisait pas à la rendre heureuse. Quant à ses parents, ils ne faisaient qu’aggraver le caractère de la petite : combien de fois avaient-ils manqués le spectacle de leur petite et précieuse Fée à cause de leurs boulots, brisant le cœur de la jeune fille un peu plus à chaque fois… Jusqu’à ce qu’elle n’en possède plus. Cruelle. Désabusée. Poupée brisée.Alors vint le temps de l’adolescence et des transformations physiques. Il aurait été stupide de le nier : Oefélia était devenue une très belle jeune femme et une bombe sexuelle sur pattes. Et que se passe-t-il quand une fille est laissée à la dérive avec une bande d’amis pour le moins déjantée et riche comme crésus ? Et bien, elle enchaine les excès. Bientôt, ce fut dans les bars et dans toutes les soirées les plus trashs qu’on commença à la voir trainer. Alcool, cigarettes, des vices à ne plus en finir qui n’étaient absolument pas connus de la part de ses proches. Pour ceux du beau monde, elle n’était qu’une nonne, une plante verte seulement belle à faire figuration mais pour tous les autres… Elle n’était qu’une sal*pe, pure et dure. Une manipulatrice qui obtenait toujours ce qu’elle voulait sans faire attention aux autres. Liqueurs de toutes les couleurs roulaient sur le comptoir et elle, elle était du genre à ne pas faire dans la dentelle. Assoiffée en quête de sensations, elle n’admettait pas qu’on tente de la stopper. Diablesse hautement désirable, elle attirait tous les regards. Trop de regards. Contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant la jeune femme pour la première fois, elle n’est pas devenue une chaudasse comme cela du jour au lendemain parce qu’elle l’a décidé. Non, on l’a formatée ainsi. A commencer par ce type qui a versé de la drogue dans son verre. Première fois. Premier rapport. Viol. Aujourd’hui encore, elle n’a pas oublié les derniers mots qu’il lui avait dit avant de l’abandonner en pleurs sur le lit de la chambre où il l’avait prise de force.Homme - « Les filles comme toi ne sont que des sal*pes bonnes à sauter et à jeter. »Et ce fut le début de la spirale infernale pour la jeune femme. On essaye de se forcer d’oublier tout cela mais les mots, les souvenirs remontent sans cesse alors on fait tout ce que l’on peut pour les contenir. On multiplie les sorties entre amis, les conquêtes… Un homme, puis deux, puis trois, puis cent… Mais toujours le même vide. L’amour, on s’en rit. Comment peut-on sincèrement croire qu’une chose comme cela puisse exister dans un monde comme celui-ci qui se nécrose de l’intérieur. Oefélia est une de ces filles à qui on ne peut pas passer la corde à son cou. Une de celles qui vous font baver sur son passage. Sur son dos, on raconte qu’ des trucs dégueulasses qu’elle ne prend pas le temps démentir. La clope au bec, elle passe la plupart de son temps à boire sec et à coucher. La véritable bitch de tout Denver, c’est elle et personne d’autres. Et les adultes de la ville sont probablement les plus idiotes qui n’ont jamais existés. C’était comme s’il existait une sorte d’écran noir, de fumée entre eux et elle. Ils ne voient rien, ou alors ne veulent rien voir. Le seul qui a essayé de se lever contre ce petit tyran de seulement 1m63 a perdu son poste et sa petite amie avant de devoir quitter la ville. C’était son professeur de dernière année de collège qui croyait qu’il pourrait mâter cette gamine insolente et capricieuse qui se camouflait sous ses airs de Ste nitouche. Imbécile. S’il y a bien une vraie reine dans la ville c’est bien elle, et si elle lève le petit doigt, tu dégages.L’amour n’a jamais existé quelque soir ses formes et cela, elle en eut la preuve. Une fois, elle a eut un flingue collé à sa tempe pendant plus de cinq heures et cela n’a pas aidé son père à se rapprocher d’elle. Des ennemis à son paternel l’avaient enlevée pour tenter de faire du chantage à son paternel. Les abrutis ? Ils ne voient pas absolument à quel point son embrassade est aussi hypocrite que son sourire ? Elle frôla la mort et elle la vit devant ses yeux. Un des types qui l’avaient enlevée ce fit descendre. Elle se rappelle encore de l’avoir vu tomber sur le sol, son sang giclant sur la jeune femme. Mais rien. Vide.Comme d’habitude, elle n’avait absolument rien ressenti. Si ce n’est qu’elle chuta encore plus dans cette spirale sans fin. C’est d’ailleurs dans celle-ci qu’elle rencontra Ginny et Aawiya. Ses doubles. Les seules capables de la comprendre. Les seules capables de la dompter. Elle les aime comme on aime rarement une amie et elles étaient les plus proches filles de tout le campus. Elles ne se quittaient quasiment jamais. Aussi cruelles les unes que les autres. Aussi vides. Bien qu’elles arrivaient à se sentir un peu plus vivantes quand elles se côtoyaient. Mais visiblement, ce n’était pas elle qui devait combler le vide laissé dans le cœur de Fee. Assassinat. Ce fut la seconde fois que la jeune fille eut un semblant de sentiments humains. Elle pleura sans que personne ne le sache dans sa chambre pendant toute une soirée.Rage. Haine. Dégout. Elle se sentait à présent animée par ses sentiments.Jalousie. Possessivité. Désir. Ils venaient aussi se mélanger au cocktail dénotant qui venaient déterminer la jeune femme. Drogue, musique et parties de jambes en l’air, c’est un peu son quotidien. Elle effraie par son génie - major de sa promotion, une des meilleures élèves du campus - comme elle intrigue. Nul ne sait vraiment qui est cette fille aussi insondable que ne l’était Aawiya avant sa mort. D’ailleurs elle se fout des règles mises en place par les autorités. Ne pas se mêler de l’enquête ? Laisser à des abrutis le soin de retrouver les meurtriers de son A. ? Complètement ridicule. Elle va s’en charger elle-même, retrouver ce f*les de *bip* et le lui faire payer. Elle va complètement le détruire. Bien avant de le jeter en pâture à la police, elle va tout lui faire perdre. Tout. Une étoile filante dans le ciel mais pas de celles qui exaucent les vœux, non juste une de celles qui détruisent tout quand elles se crashent sur Terre.Aujourd'hui encore, la phrase que ce type lui a balancé en pleine figure ne la lâche pas. Elle est ainsi. Alors elle se comporte de cette manière. Prenez garde, Oefélia Delaney est encore pire à présent. Et certains risquent de s’en mordre les doigts. Ou de perdre une chose qu’ils n’ont pas surveillée d’assez près.Mais il se pourrait bien qu'il existe un homme qui pourrait changer tout cela. Un homme ou plutot un ange. Tombé du ciel, à travers les nuages. Elle l'a rencontré, elle ne l'a pas oublié. Il n'a pas reconnue la reine des garces et ne sait pas sa vraiment à qui il a à faire. Entre prince de contes de fée et méchante sorcière, peut-on seulement envisager une romance sur fond de mensonges et tromperies ?